La terre invisible - Anecdote
Trois frères vivaient misérablement sur l’héritage paternel. Leur pauvre champ ne rapportait que quelques poignées de seigle. Leur hutte tombait en ruines. Le vent y entrait en maître. Loin de toute cité, ils n’avaient ni famille, ni amis.
Par un soir d’hiver, un homme jeune et beau, au regard pur entra dans la cabane.
L’ouragan grondait dans la plaine. Le voyageur était transit de froid.
- Que faites-vous ici ? leur dit-il.
- Vous le voyez, répondit l’aîné, nous vivons pauvrement sur l’héritage de nos parents.
- Je vous plains, dit l’étranger. N’avez-vous jamais souhaité autre chose ?
- Qu’importe ce que l’on souhaite ou ce qu’on rêve, dit le second frère. Nous sommes ici depuis notre naissance et la mort viendra nous y trouver.
- Ne savez-vous pas, reprit le voyageur, qu’au delà de la mer qui s’étend au loin, existe une terre fertile où tous les hommes sont heureux ?
- Nous l’ignorons, dit le plus jeune.
- Le roi de ce pays m’envoie auprès de vous pour vous enrôler. Venez ! Rien ne vous retient ici-bas. Là-bas, tout vous attire. Laissez cette hutte aux bêtes des champs et suivez-moi. Chacun de vous en ce pays trouvera l’emploi de ses forces et de ses facultés.
La nuit s’était écoulée. L’orage avait cessé.
- Je te suivrai jusqu’à cette terre fortunée, dit à l’étranger le plus jeune.
Le second dit : J’irai aussi.
L’aîné, sans prononcer mot, ferma la porte de la cabane.
Dès le matin, tous les quatre se mirent en route. Ils marchèrent longtemps, jusqu’au sommet des montagnes qui bornaient l’horizon. Ils poussèrent un cri d’étonnement, la mer était à leurs pieds. Où donc est l’autre rive ? murmura l’aîné des frères. Montre-la nous si tu veux que nous y croyions. En parlant ainsi, il abandonna ses frères et le guide et reprit tristement le chemin de sa cabane.
Les voyageurs atteignirent le rivage.
- Je ferai la traversée tout seul, déclara le second des frères. Je suis fort et jeune, je saurai bien me faire un esquif et une voile.
- Insensé, s’écria l’étranger, sais-tu ce que c’est d’affronter l’océan ? Sais-tu la route ? Sais-tu le port ?
Le jeune homme resta sourd à ces avertissements.
Le plus jeune des trois frères suivit le mystérieux étranger. La traversée fut courte. Il salua la rive heureuse et débarqua sur la terre bénie.
L’aîné mourut sur les ruines de sa cabane. Quand au second, on ne sut jamais ce qu’il était devenu.
Ces trois frères sont l’humanité. L’inconnu, c’est Jésus-Christ. L’océan, c’est la vie. Le navire, c’est la croix. La rive, c’est le ciel. L’aîné, c’est le douteur. Le second, c’est le propre juste. Le plus jeune des frères, c’est le chrétien.
Par un soir d’hiver, un homme jeune et beau, au regard pur entra dans la cabane.
L’ouragan grondait dans la plaine. Le voyageur était transit de froid.
- Que faites-vous ici ? leur dit-il.
- Vous le voyez, répondit l’aîné, nous vivons pauvrement sur l’héritage de nos parents.
- Je vous plains, dit l’étranger. N’avez-vous jamais souhaité autre chose ?
- Qu’importe ce que l’on souhaite ou ce qu’on rêve, dit le second frère. Nous sommes ici depuis notre naissance et la mort viendra nous y trouver.
- Ne savez-vous pas, reprit le voyageur, qu’au delà de la mer qui s’étend au loin, existe une terre fertile où tous les hommes sont heureux ?
- Nous l’ignorons, dit le plus jeune.
- Le roi de ce pays m’envoie auprès de vous pour vous enrôler. Venez ! Rien ne vous retient ici-bas. Là-bas, tout vous attire. Laissez cette hutte aux bêtes des champs et suivez-moi. Chacun de vous en ce pays trouvera l’emploi de ses forces et de ses facultés.
La nuit s’était écoulée. L’orage avait cessé.
- Je te suivrai jusqu’à cette terre fortunée, dit à l’étranger le plus jeune.
Le second dit : J’irai aussi.
L’aîné, sans prononcer mot, ferma la porte de la cabane.
Dès le matin, tous les quatre se mirent en route. Ils marchèrent longtemps, jusqu’au sommet des montagnes qui bornaient l’horizon. Ils poussèrent un cri d’étonnement, la mer était à leurs pieds. Où donc est l’autre rive ? murmura l’aîné des frères. Montre-la nous si tu veux que nous y croyions. En parlant ainsi, il abandonna ses frères et le guide et reprit tristement le chemin de sa cabane.
Les voyageurs atteignirent le rivage.
- Je ferai la traversée tout seul, déclara le second des frères. Je suis fort et jeune, je saurai bien me faire un esquif et une voile.
- Insensé, s’écria l’étranger, sais-tu ce que c’est d’affronter l’océan ? Sais-tu la route ? Sais-tu le port ?
Le jeune homme resta sourd à ces avertissements.
Le plus jeune des trois frères suivit le mystérieux étranger. La traversée fut courte. Il salua la rive heureuse et débarqua sur la terre bénie.
L’aîné mourut sur les ruines de sa cabane. Quand au second, on ne sut jamais ce qu’il était devenu.
Ces trois frères sont l’humanité. L’inconnu, c’est Jésus-Christ. L’océan, c’est la vie. Le navire, c’est la croix. La rive, c’est le ciel. L’aîné, c’est le douteur. Le second, c’est le propre juste. Le plus jeune des frères, c’est le chrétien.